lundi 26 septembre 2011

Carry on

Beaucoup de personnes avec qui je travaille de près ou de loin ne comprennent pas mon parcours. Je les étonne quand je leur dis d'où je viens, ce que j'ai fait comme études. Je le vois bien, ils ont tous le sourcil éloquent. Surtout quand ils ne disent rien. "Qu'est-ce qu'elle fait là, au standard, avec sa licence? Du droit en plus!"

Les gens se demandent pourquoi je ne suis pas devenue avocate, notaire ou je ne sais quoi dans ce genre. Le genre supérieur je crois, et prétentieux surtout. Le droit a cette réputation-là. Elle n'est pas vraiment usurpée, d'ailleurs je ne me suis pas vraiment sentie à l'aise parmi mes congénère étudiants qui connaissaient déjà l'importance de leur propre personne. Je pensais pourvoir leur ressembler, ces petits bourgeois propres sur eux persuadés de faire les premiers pas d'une grande carrière ou vers la charge de papa. Ces filles et fils de, à la simplicité étudiée et à la branchitude bourgeoise. Je me sentais décalée et j'aimais ça même si j'aurais voulu parfois leur ressembler avec leurs grandes certitudes existentielles.

Non, c'est faux, si je veux être complètement honnête, je dois avouer je croyais les surpasser, être bien mieux qu'eux, d'avoir la conscience supérieure que la vie ce n'était pas juste l’esbroufe de ces études mais qu'elles étaient juste un bon moyen de réussir. Réussir à quoi? Gagner de l'argent, s'élever dans les sphères sociales, sûrement une manière pour moi de prendre une revanche ou juste de me rassurer sur l'avenir, avoir quelque chose de vraiment solide et reconnu par tous. Avoir la certitude d'un emploi et de l'argent.Arriver

Et puis tout le monde ne dit-il pas que le droit ça mène à tout? Bien sûr, tout comme un BTS, un DEUG d'arts de la scène ou un master de géographie, une thèse de droit peut mener à une brillante et longue carrière de vendeur en prêt à porter. Je l'ai vu, je n'exagère pas.

Attention, je ne suis pas en train de vous dire que les études ne servent à rien. J'aurais pu être une étudiante à vie si on m'en avait laissé l'opportunité. J'ai toujours aimé apprendre des choses, j'étais avide de connaissance. Enfant, je pensais qu'un jour je serais capable de tout savoir. Tout sur la littérature, l'histoire, les maths, la physique,... Oui, déjà là j'avais des idées de grandeur.
Les études, quelles qu'en soient la spécialité vous apporteront toujours quelque chose sur le plan personnel. Et puis, ce n'est parce que je me suis un peu perdue en route que tout le monde échoue à accéder à la carrière à laquelle il rêvait.
Mais sans doute le problème se situait-il là pour moi. A quoi est-ce que je rêvais? Je rêvais de stabilité, de sécurité, j'étais angoissée par l'avenir sans même m'en rendre compte. Mais les doutes étaient là. Ce n'est pas pour rien que j'ai mis 3 ans à obtenir ma dernière année. Ca couplé à ma peur pathologique de l'échec, j'ai ironiquement réussi à rater pas mal de sessions d'examens et de rattrapages, bien que je ne sois pas plus conne qu'une autre. Après on fait quoi? Un master? Et après quoi? Un jour il faut bien penser à s'arrêter et à réfléchir où on veut vraiment aller et ce qu'on veut vraiment faire.

Finalement lassée par mes échecs qui m'ont toujours bien plus mortifiée que je ne l'ai jamais avoué et la licence enfin en poche, je me suis dit qu'il fallait vraiment commencer à gagner de l'argent ou du moins était-ce le leitmotiv parental que je reprenais à mon compte.

Concours X, examens Y plantés à plus ou moins longue échéance.
Forcément, sans réelle force de conviction, on ne va pas très loin, mais je mettrai du temps à m'en rendre compte. Mais, "on ne va pas payer pour toi encore longtemps", alors c'est la fuite en avant et on saute sur ce qui se présente en se disant que ce n'est pas du définitif. Un job étudiant en somme. Sauf qu'on n'est plus étudiant.

Je ne m'excuse pas, je n'incrimine personne mais je regarde aujourd'hui la route parcourue et tous mes chemins de traverse avec lucidité. Ce qui m'a manqué durant ces 10 ans c'est de rêver ma vie.
Si je revenais à mes 18 ans avec ça en tête, je pense que je me lancerais plutôt dans quelque chose d'artistique (littérature, théâtre) ou qui me permettrait de voyager sur le dos de mon prêt étudiant (anglais). Ce qui m'a manqué c'est d'être jeune, légère et surtout insouciante.
Et de croire en moi mais ça c'est un autre sujet...


 

Ajout tardif : je tiens à préciser que j'ai aussi rencontré des gens formidables à la fac qui sont toujours mes amis aujourd'hui, je ne parlais que de l'ambiance générale en amphi et en soirée étudiante.

2 commentaires:

  1. oh je suis tellement d'accord avec toi, d'accord avec tout, d'accord ma caro.
    Tu es géniale. On s'en fout des diplômes, ce que tu vaux, c'est de l'or, moi j'ai décroché le sésame et il m'ouvre la porte des agios, alors tu vois franchement, y a pas de quoi rutiler!
    Nous on est des filles de "la vie" et c'est ça qui compte!Love:)

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  2. Merci pour ton commentaire. C'est pas rien de voir qu'on lit ce que tu écris. Mais tu sais de quoi je parle ;)

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